Thomas Cock

Le pont d’allumettes et le pyro

In Uncategorized on 04/12/2010 at 12:02

Je m’appelle Thomas Gaston Achille Cock. J’ai vingt-six ans. Je suis mort né un vendredi treize décembre à Kinshasa au Congo, ancien Zaïre. Réanimé et vivant d’accord, j’en garde malgré tout une certaine superstition. Ma mère, à l’époque hôtesse de l’air reconvertie depuis en astrologue, ayant pris encore un peu d’altitude, n’y voit rien d’autres que la gravité des étoiles. Je suis Sagittaire, ascendant Cancer. Feu et eau. Un thème astral de pompier ou de pyro à l’essence, c’est selon… De quel signe m’a tu dit que cette fille était ? Il faudra que tu fasses attention à Pluton cette semaine ! De plus t’as mars en en maison neuf… Ah là, c’est le cancer qui parle ! ça et les vols d’un continent à l’autre, toutes ces villes les jours d’école m’arrachèrent définitivement au sol. Je n’étais pas baptisé parce qu’on voulait me laisser choisir ma religion. Je les choisis toutes. Je me fis baptiser avant la communion pour une double dose de cadeaux, je m’intéressais au bouddhisme pour sa théorie de la vacuité et pour avoir des avatars, à l’hindouisme pour ses upanishad, au Taoïsme pour frimer, à l’Islam pour comprendre sans y parvenir… Ensuite, il y a eu toute cette science qui donnait tort à toute cette religion. Tous les points où ils se rencontraient, ils se les disputaient… Il était de plus en plus impossible de savoir ou de croire… Plus j’y réfléchissais, plus j’arrivais à la barrière de Planck de mon cerveau, tous les appareils de ma logique se mettant à perdre les pédales… Je décidais alors de ne plus choisir et accordais du crédit à tout. Et même à l’astrologie ! Après tout, ces planètes sont là et avaient bien une place précise le jour de ma naissance, un angle avec moi. Et il n’est pas plus stupide de croire que des planètes que je peux voir exercent selon leur position une influence, une sorte de gravité sur moi et sur chacun différemment que de croire en un dieu invisible, omniscient, qui engrosse une vierge d’un fils incapable et puis se retire honteux deux milles ans… Ou qu’il ait huit bras et une tête d’éléphant… ou même qu’on soit tous un peu de ce dieu. A la superstition s’ajouta l’angoisse de l’existence. Le pourquoi en suspension. J’ai donc eu peur que nous ne trouvions jamais d’autres vies à l’univers, que nous soyons les seuls fous à l’habiter, que l’unique sens à tout ça soit mystère. Mystère et charme de la vie…

Belgique, hier. Canada, aujourd’hui. Le temps d’un océan… Je regarde Montréal. Je la vois toute entière d’ici. Du haut du Mont-Royal. Pour l’instant, ça me va de ne pas savoir. C’est même mieux ! Ca me permet de faire semblant. De vivre mon illusion, de ne pas la perdre !* De croire ou pas, de m’en foutre de 2012, de lire mon horoscope et espérer l’ère du Verseau… Et surtout de penser ce que je veux de la vie, ce pont fragile entre…

*“Living in his illusion or losing it ?”  Jay Mc Inerney, Bright lights, big city

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