Thomas Cock

Séléné, la grande blanche

In Uncategorized on 26/11/2010 at 4:24

Bières de retrouvailles, des Stellas qui ont traversé les frontières et un océan sans peine ni intérêt vu qu’on en vend ici.  Discussions des manques et des manquements de chacun, bonjour de la part de l’un et il faudra que je te présente un tel, je ne sais plus si tu le connaissais…  il a vachement changé, tu serais étonné… Un joint, un deuxième, un Bourgogne qui a lui aussi pris les cieux, un troisième joint et je ne sais plus du tout ce que je raconte sur ce petit balcon. La nuit est étouffante, bouillante comme une salle-de-bain après le bain. Mes idées en puzzle insondable, je suis complètement spectateur quand il me dit qu’il va dormir. Je me vois m’installer un lit dans le salon, fantomatique, traversé de passé, du moment présent et du futur dont on vient de me parler. Le train du sommeil passe et je le rate. J’entends le dernier coup de sifflet derrière mes idées et le sommeil s’enfonce sans moi dans la nuit. Je retourne au bourgogne et contemple Séléné… ma naissance.

Cette nuit en devient une autre. Une nuit passée… Une nuit coulée dans l’alcool et ressuscitée dans la drogue, une nuit qui n’en est plus une parce qu’il est midi et je monte avec cette fille dans ma chambre. Mon ancienne chambre pareille à cette nuit toute blanche. Blanche de partout, des murs, aux meubles, aux voiles plus que des rideaux, au lit, aux draps de l’immense lit. Une photo de Man Ray, en blanc et gris très clair d’une fille qui pleure observe seule la chambre au dessus de mon lit. Elle et moi. Nous regardons la grande chambre blanche avec la blanche stupéfaction du jour. Nous sommes à quai  et il n’y a pas le moindre train. C’est juste une station déserte, au milieu de nulle part. Uyuni, le grand blanc. Nous avançons dans ce salar. Elle s’assied au milieu du lit et scrute autour d’elle le vide. Je suis en tailleur à côté d’elle. Une fausse méditation, une réverbération ou une transe, j’entends les drogues crier en nous, j’entends en elle son cœur battre et battre … L’instant d’après nous nous enlaçons. Nos corps debout sur nos genoux s’enfoncent dans la mollesse matelassée. Les draps nous submergent comme une vague. Mu-muse les corps. Le sien, le mien. Je regarde son corps s’étendre en point d’interrogation. Je regarde ma réponse. Je suis dans ma tête, nous sommes tous les deux dans ma tête, ou dans la sienne, au cinéma de notre baise, sous les draps en mousse de lait. C’est long, c’est lent, c’est agréablement dilaté. Elle me prend et me serre en elle ; me prend, me reprend et me serre en elle. Je jouis et elle m’engloutit. C’est une saga sans pub. Je jouis et elle m’emmène encore plus loin. Je ne sais pas, plus combien de temps je jouis ou combien de fois. Je suis assouvissement et détente éternelle dans cette vulve qui m’avale, m’emmène, m’enveloppe, m’endiable. Tout n’est plus que cette vulve dans laquelle je plonge. Cette vulve, pieuvre de plaisir, tentaculaire des plaisirs possibles. Je flotte, je jouis avec l’arrière de mon crâne, ma peau est cellophane en présence d’une autre cellophane, sa peau. Je ne sais comment elle fait mais elle me caresse l’hypothalamus qui tremble, vibre et retentit. Je suis anévrisme, séisme mental et tout mon corps lui donne son onde de choc. Je n’en peux plus mais comme un frisson, je suis de plus en plus en elle, hypnotique pendule poussant et repoussant le sommeil dans sa blanche irréalité.

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